Trauma et émotions, quand le corps accuse les coups : en passer par la thérapie manuelle pour guérir
En avoir gros sur le cœur, en avoir plein le dos, ne pas digérer un événement, avoir l’estomac noué, rester en travers de la gorge/sur l’estomac, avoir les reins solides, en avoir le souffle coupé, porter le poids du monde sur ses épaules, se faire de la bile, se mettre la rate au court-bouillon, avoir des papillons dans le ventre, casser les pieds…
Qui n’a jamais utilisé l’une de ces expressions ? C’est dire si dans l’inconscient collectif il va de soi d’associer corps et émotions, et même plus : de lier une cause émotionnelle à une conséquence physique.
Et en effet nous vérifions au quotidien la véracité de ces locutions populaires : quand certains ont par exemple l’estomac noué en période de stress, d’autres ont le dos qui se bloque quand monte la pression. Nous réagissons tous différemment aux stimuli de notre environnement, mais pour tous c’est notre corps qui exprime nos ressentis.
Notons que le nombre d’expressions impliquant le système digestif est conséquent. Et pour cause !
Si l’estomac est qualifié de « 2ème cerveau » par les scientifiques, c’est parce que l’intestin dispose de 200 millions de neurones et communique avec le système nerveux central. Plus récemment, des études ont suggéré qu’en plus de ses fonctions métaboliques et immunitaires, le microbiote intestinal prendrait également part à la communication entre l’intestin et le cerveau et de là influencerait le fonctionnement cérébral.
Ainsi, les chercheurs se penchent aujourd’hui sur les liens possibles entre un déséquilibre du microbiote intestinal et certains troubles psychiques : stress, dépression mais aussi maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…).
D’autre part notons que le cœur, les intestins et le cerveau communiquent via le nerf parasympathique, nous amenant donc à en conclure que les émotions fortes frappent le cerveau ET les entrailles.
Par conséquent, si nos émotions influent sur nos organes -notamment digestifs-
et que notre intestin influe sur notre comportement, alors à nous d’entretenir un
cercle vertueux sous peine de voir naître des déséquilibres. Les déséquilibres
alimentaires notamment seront parlants ici (tendance à manger ses émotions, anorexie,
boulimie…) mais pas que !
En Médecine Traditionnelle Chinoise, il est depuis longtemps avéré que nombre de maladies sont liées aux émotions excessives. D’après ses enseignements, ces dernières rejaillissent sur nos organes et cela crée des déséquilibres, qui, à la longue, provoquent des maladies.
En termes d’excès supportés par le corps, il est important de signaler qu’ils peuvent découler de violences psychologiques, aussi ravageuses pour la santé que le sont les sévices corporels. Dans tous les cas il s'agit d'un trauma avec un syndrome de stress post traumatique qui dérègle le cerveau en le faisant fonctionner en mode survie, c'est-à-dire en état d'alerte constante.
Concrètement, au moindre signal de danger, ou de ce qui est interprété comme tel par le cerveau traumatisé, un pic de stress va être déclenché visant à susciter une réaction de défense, réflexe de survie : la lutte ou la fuite.
Ainsi va-t-il y avoir des personnes dans l'action, en mode lutte, qui vont immédiatement sur-réagir à une situation, avec parfois de la violence, et d'autres qui vont se réfugier dans une fuite de la situation, comme engourdies, en dissociation.
Dans les deux cas se trouve un trauma non résolu : les hormones du stress circulent toujours dans le corps et le trauma est rejoué à la moindre alerte.
Ce système de défense inné hyper efficace rend incapable à s'engager dans le moment présent. Or il est indispensable de se reconnecter à ses sensations physiques comme indicateurs pour apprivoiser son monde sensoriel, de se familiariser et de s'accorder avec son corps.
Ces schémas n’arrivent pas qu’aux autres et ne sont pas le fait d’événements traumatisants extrêmes de type guerres ; on peut les observer dans notre quotidien.
Comme illustration tristement d’actualité, citons les cas réguliers de burn out et d’AVC qui répondent à un principe d’implosion du corps à la suite d’une charge mentale trop élevée et laissent des séquelles que l’on peut qualifier de post-traumatiques (paralysie, problèmes de tension, angoisses, pics soudains de stress, difficultés de concentration, pertes de mémoire…).
La bonne nouvelle est que nous possédons tous la faculté de réguler les rouages de notre propre organisme, par des activités élémentaires: la respiration, le mouvement et le toucher.
Le toucher… Son pouvoir curatif est inné ! Pour preuve : d’instinct nous portons la main là où nous avons mal. Il existe par ailleurs des méthodes de reprogrammation par le toucher qui ont été éprouvées (PNL, tapping…).
La Médecine Traditionnelle Chinoise va traiter l’Être de manière holistique en partant du principe que le corps accuse les coups, ce que la médecine occidentale peine encore à considérer, isolant les maux du corps des affections psychiques.
Prépondérantes dans les cultures orientales –et souvent reconnues par les ministères de la Santé-, c’est là que les thérapies manuelles vont entrer en jeu. Massage énergétique japonais basé sur les principes de la Médecine Traditionnelle Chinoise, le Shiatsu pour ne citer que lui va apaiser les maladies et stimuler les défenses naturelles.
La thérapie manuelle est d’une aide primordiale pour les victimes de trauma car elle reconnecte au corps en sortant du mental. Comme pour toute thérapie, le bénéfice sera dans le suivi : il faudra du temps pour apprivoiser le receveur, le mettre en confiance pour lui permettre de baisser la garde et ainsi lui prodiguer un soin complet et efficace, qu’il acceptera sans réserve.
Cela se fera petit à petit, chaque séance étant un pas de plus vers le recouvrement de perceptions sensorielles, la maîtrise de soi, puis l’équilibre, pour en arriver à l’entretien de la bonne santé et indiscutablement à la paix retrouvée.
Ainsi, dispenser des soins manuels à une personne c'est lui permettre de résoudre progressivement, tout en douceur, des maux profonds qui la tourmentent et ont façonné sa personnalité, et ce grâce à une technique naturelle presque de l’ordre du maternel, rassurante.
Dans ce cheminement de pensée nous pourrions même travailler à la mise en place de programmes de réinsertion par le bien-être dans les prisons.
Car au-delà de l’efficacité des thérapies manuelles elles-mêmes, le fait de prendre soin d'une personne, c'est reconnaître son importance au sein du groupe, l'amener sur la voie de la réconciliation avec la société qui se soucie d'elle, c'est lui donner envie de s'impliquer et éveiller en elle le sentiment d’appartenance.
En somme, dispenser des soins manuels c’est non seulement rompre avec la solitude et l’isolement, mais encore c’est bénéficier de ce que le toucher fait de mieux : reconnecter les êtres vivants entre eux.
Efficaces et gages de bienveillance, ces soins guérissent les maux -qu’ils soient physiques ou psychiques- et apaisent les âmes en les réconciliant avec l’Humain.
Sources bibliographiques : Le charme discret de l’intestin, Giulia Enders
Le corps n’oublie rien, Bessel Van der Kolk