La dimension sacrée dans le soin manuel
Être thérapeute manuel oblige à adopter une posture spirituelle.
1. La posture physique comme gage d’élévation
Il y a d’abord la posture physique du praticien, car il faut en priorité apprendre à se positionner correctement afin de ne pas se faire mal.
Être à l’écoute de son propre corps et prendre soin de soi est donc primordial, ce qui, au-delà de l’aspect bien-être physique, marque une première étape vers l’intériorisation et la reconnexion à soi.
Puis avec l’exigence imposée par la tradition qui veut que l’on répète le geste jusqu’à ce qu’il soit juste, vient le lâcher-prise mental et l’effacement de l’ego.
La position de travail traditionnelle doit être respectée, non par conformisme mais parce que tout a un sens : le Shiatsushi soigne au sol, au même niveau que son receveur dont il est l’égal, au contact de la Terre mère, et dans l’humble posture du chevalier servant, conscient qu’il est au service du soin.
Enfin il y a le geste approprié, le beau geste, celui qui vient avec la présence à l’instant, l’attention aux sensations.
2. La posture mentale : confiance et lâcher-prise
La main de souffle qui touche son receveur est un gage d’absence de volonté du thérapeute.
Car si une intention est bien posée en début de soin –suite à l’anamnèse-, en revanche ce n’est pas le praticien qui agit ; il s‘en remet en fait à plus grand que lui.
En effet, le soin consiste à mettre son receveur dans les meilleures conditions possibles pour que le vivant agisse. Une grande part du travail est faite par la personne qui reçoit le soin, et qui pour ce faire doit être dans un état d’esprit d’acceptation du soin(C.f. mon article de juillet 2020 De l’efficacité des soins : quand la guérison est une question de Confiance).
Le praticien ne porte pas le poids d’une obligation de résultat, il fait confiance à sa pratique, s’en remet à l’Energie qui passe par lui et qui sait où elle doit aller.
Selon sa croyance il peut aussi invoquer des guides, des anges gardiens, ou un maître spirituel, mais le résultat est le même : il est en confiance, sans volonté, il délaisse donc son mental pour s’oublier dans le soin et se positionner ainsi comme un canal, un intermédiaire.
Il suit un protocole global unifiant et reste à l’écoute de ses ressentis, dans l’abnégation.
En aucun cas il ne donne de son énergie ou prend le négatif : cela reviendrait à devoir sacrifier sa propre santé au profit d’autrui.
Or il n’y a pas de notion de sacrifice dans le soin, sinon c’est que le thérapeute souffre du complexe du super-héros !
Il y a assez d’Amour pour tout le monde, et à ce titre le receveur comme le soigneur vont apprécier les bénéfices du soin.
3. Qui soigne qui ?
Le moment du soin est l’occasion pour le thérapeute de laisser ses propres problèmes de côté, de faire abstraction de sa vie par son investissement dans le moment présent. L’état dans lequel il se trouve est alors proche de la méditation.
Ce lâchez-prise mental est bénéfique et amène à un niveau de conscience plus éveillé.
D’autre part, le fait de faire du bien, de se savoir utile, lui remplit le cœur de joie et le nourrit en profondeur. Saviez-vous que le bonheur est un facteur de bonne santé ?
Enfin, grâce à sa posture de canal énergétique, le praticien reçoit l’énergie au même titre que son receveur.
Après une séance, il n’est donc pas rare que les deux acteurs du soin en ressortent avec un mieux-être palpable.
Cet instant véritablement de partage va également faire grandir le thérapeute de par la relation privilégiée qu’il entretient avec son receveur.
4. L’expérience de l’Humain : accueillir plusieurs vies en une seule
L’action de toucher n’est pas uniquement physique, pour preuve la locution hypocoristique « être touché ».
Le fait de toucher atteint l’Être en son for intérieur, cela fait tomber les barrières et crée un lien. Pendant l’épisode de la COVID-19, on a d’ailleurs bien ressenti la nécessité d’enlacer, d’embrasser tant cela nous manquait...Car il faut en effet toucher pour rester touchable.
Le toucher est rassurant, et il favorise l’échange énergétique entre les deux personnes qui entrent en contact.
Cela crée une proximité qui favorise la confiance et par là même la confidence : nombreuses sont les personnes qui confient leur cœur et déposent leurs problèmes à l’occasion de leur soin manuel.
Pour le thérapeute qui est à l’écoute de ses receveurs, son activité est alors des plus enrichissantes car il fait véritablement l’expérience de l’Humain.
Sa propre vie ne lui sert plus seule de modèle, il expérimente une multitude d’autres vies à travers ses ressentis empathiques. Il se rend disponible pour accueillir ce qu’on lui dépose et cela le fait évoluer.
Or la proximité entre humains et plus encore le toucher ne sont pas anodins dans notre société ; on ne se laisse pas approcher si facilement.
C’est pourquoi il est indispensable que le praticien communique avec son cœur pour attirer à lui les personnes qui lui correspondent.
5. Être aligné avec ses valeurs affichées
Pour que les gens viennent le consulter, le thérapeute devra évidemment signaler sa présence.
Et pour se faire connaître, il apprendra à préférer l’authenticité au désir de faire l’unanimité.
Premièrement, parce que cela lui permettra d’attirer à lui les personnes alignées avec son énergie et sa personnalité. Les gens ne viennent jamais par hasard, ils sont portés par le besoin de consulter la personne répondant à leurs attentes.
Ensuite parce qu’on ne peut pas éternellement donner une fausse image de soi, le naturel revenant forcément au galop.
Et enfin, bonjour la dépense d’énergie pour essayer de plaire à tout le monde !
Montrer ses imperfections, être transparent, c’est assumer son humanité, et c’est aussi donner l’exemple aux personnes qui sont en recherche. Cela leur donne l’occasion de mieux connaître le praticien et de le choisir le cas échéant.
Le receveur en confiance sera plus réceptif au soin qui sera alors potentialisé, et le thérapeute ne gaspillera pas son énergie à jouer un rôle, mais sera concentré sur sa tâche, dans toute sa simplicité et sa vérité.
Il devra répondre à une exigence : s’astreindre à une hygiène de vie saine.
Si personne n’est irréprochable, s’occuper de la santé d’autrui et donner des conseils sans se les appliquer à soi-même, n’est-ce pas une raison pour perdre en crédibilité ?
Qui le saura me direz-vous ? Tout est une question d’agir en conscience ; la droiture et l’alignement se perçoivent très facilement de même que leur absence.
Le bon sens veut de tester ses propres conseils pour en éprouver l’efficacité et pouvoir en parler avec justesse.
Donner des soins est donc l’occasion d’accéder à un équilibre de vie et à respecter son Être holistique.
Conclusion
Être thérapeute manuel impose d’avoir confiance en la vie : le fait de se reposer sur plus grand que soi et de se considérer comme un simple moyen, garantit une abnégation qui s’accompagne d’une humilité amenant à l’élévation spirituelle. Le lâcher-prise de la volonté met alors en marche la loi d’attraction pour attirer les personnes complémentaires à sa pratique et à son énergie propre.
Malgré le manque de reconnaissance des médecines alternatives et des techniques manuelles en général, il est essentiel de prendre conscience que la thérapie manuelle est un besoin vital. Il s’agit d’un moment de partage bénéfique à chacun et qui fait grandir l’expérience.
Le soin manuel est une Voie, un chemin d’évolution permanent où rien n’est acquis. Pour le suivre le plus loin possible, il faudra accepter de devoir adapter son rythme de vie pour en être un porte-parole authentique.