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De la nécessité de l’intimité pour conserver son énergie

« L’enfer c’est les autres » écrivait Sartre en 1943 dans sa pièce Huis-clos.

Nous avons tous entendu cette citation, mais y avons-nous vraiment réfléchi ? Banalisée par la répétition, nous n’y prêtons plus spécialement attention lorsque nous l’entendons, la jugeant presque désuète… Et pourtant rien de plus simple que de la transposer en 2021 !

Vous en doutez ?


Pour commencer, ne nous sommes-nous pas rendus joignables et observables à toute heure ?


I. Les limites du monde « connecté »


1. Nous ne déconnectons jamais de nos écrans qui nous suivent partout.


Conséquences :

· Nous avons trop de tâches par rapport au temps qui nous est imparti, et nous courons sans cesse à travers ce temps que nous ne croyons jamais avoir.

Au travail, les délais sont serrés, plus rien n’est priorisé car tout est devenu urgent.

Ø Notre charge mentale ne cesse d’augmenter.


· Il est impossible de disparaître : nous sommes tellement exposés que nous ne nous appartenons pas. Observables tout le temps (statuts, accusés de lecture…), sollicités par les notifications diverses, nous isoler est devenu très compliqué.


En 1926, Agatha Christie avait disparu pendant 11 jours de son propre chef. Aujourd’hui c’est chose impossible (GPS, caméras, CB, internet…).

Il y a comme une obligation à rester en contact. Difficile de changer de vie et repartir de 0 avec un historique virtuel qui s’accroche à nous, ou avec des contacts oubliés qui ressurgissent grâce à la magie du Web.


Aller de l’avant peut relever du parcours du combattant.


Or le silence, la solitude, sont essentiels à une bonne connexion à soi.

On a tendance aujourd’hui à s’oublier en se noyant dans une multitude de tâches, en occupant à tout bout de champ ce temps qui nous coule entre les doigts.

On vit par procuration, par comparaison.

Mais qu’en est-il de notre propre vie ?

Prenons-nous le temps d’une pause pour apprécier ce moment éphémère que nous passons sur Terre et pour nous recentrer sur l’essentiel ?

Apprenons-nous à nous connaître ? A apprécier notre propre compagnie ?

Ou le développement personnel est-il également devenu une tâche de plus sur nos to do list journalières ?


2. Les réseaux sociaux sont dangereux pour notre équilibre émotionnel.


Il fut un temps, Facebook donnait la possibilité de juger une publication avec un pouce orienté vers le bas. Quoi d’étonnant qu’il y ait eu à l’époque des suicides d’adolescents puisqu’il s’agissait d’un geste de mise à mort dans l’arène antique ?

Aujourd’hui ce symbole n’est plus présent, mais pour autant de nombreux jeunes se font encore harceler sur les réseaux.

Comment vous remettre lorsque la haine vous poursuit jusque chez-vous ? Jusque dans votre chambre ? Dans votre lit ?

Alors même que votre seule préoccupation est d’être accepté par un groupe, comme tout être humain normalement constitué.

Sur ces réseaux, chacun se livre de son plein gré en pâture au jugement, cherchant l’approbation sinon la réaction de tiers dont l’anonymat des profils haineux leur permet de laisse libre cours à l’expression de leur colère en toute impunité.


Constat :

· Ces plateformes virtuelles nous atteignent trop personnellement quand ce ne sont que des exutoires pour certains.

Cela est révélateur d’un réel besoin de se défouler, tout comme d’un certain ennui : on a besoin de se sentir exister à travers le regard de l’autre, tout comme on a besoin d’exemples pour s’inspirer.

C’est tellement pratique de se distraire via un écran que l’on peut emmener partout, lorsque l’on n’a « pas le temps » d’engager une activité réelle n’est-ce pas ?


Mais avez-vous justement remarqué le temps que l’on passe sur ces réseaux ?


· Il est indispensable d’avoir la volonté de se couper énergétiquement de ses créations virtuelles tous les jours.

Nous sommes également nombreux à travailler avec les réseaux sociaux, merveilleux outils de communication.

Or lorsque l’on communique sur son activité de cœur, que l’on s’investit dans ses posts, un lien entre ces derniers et nous-même subsiste, nous rendant du même coup atteignable :


- Par les remarques désobligeantes, qui nous touchent.

- Energétiquement, par des égrégores négatifs qui peuvent remonter jusqu’à nous via ces posts.

Tous les soirs, se concentrer en disant « je demande à couper le lien avec mes créations virtuelles » nous rendra beaucoup d’énergie et nous aidera à mettre de la distance avec nos communications.


· Il est bénéfique de s’alléger de son téléphone plusieurs heures par jour pour vraiment profiter de l’instant sans chercher à le capturer à tout prix.


- Ne pas répondre dans l’immédiat puisque l’on n’a pas connaissance d’une sollicitation,

- Ne pas contrôler ses like,

- Ne pas tout prendre en photo,

Quel repos pour l’esprit !

Sans oublier que nos yeux pâtissent des écrans :

La lumière naturelle est indispensable au bon fonctionnement de la rétine, sortir au minimum 30 minutes par jour ne devrait pas n’être qu’une option.

De plus, nous sommes programmés pour voir de loin : la vision fixe et rapprochée ne nous permet pas de conserver une vision souple, pour preuve le nombre grandissant de cas de myopie chez les enfants !


Enfin en Médecine Traditionnelle Chinoise, il est intéressant de noter que la fixation prolongée impacte le cœur.


En lâchant ses écrans, nous faisons donc du bien à notre santé !


Alors oui, il y a la peur de perdre des followers.

Mais croyez-vous vraiment que le fait de ne pas publier tous les jours va vous faire perdre des followers ?

Pensez-vous qu’être « suivi » est une preuve d’amour de la part de ces personnes que vous ne connaissez pas ?

Nos abonnés fluctuent régulièrement, et quant à moi je suis satisfaite plutôt lorsque mon nombre de followers diminue.

Pourquoi ? Car c’est là que je sais que le tri se fait, que je ne garde que les personnes qui s’intéressent vraiment à ce que je publie, et pas superficiellement.

Je cherche à atteindre les gens qui me correspondent pour que nos échanges soient riches et dans une même lignée énergétique, pas à toucher le plus grand nombre.

Ainsi je n’ai pas d’obligations : je publie ce qui me fait plaisir et quand cela me chante.


3. Nous accordons beaucoup trop d’importance au jugement d’autrui.


Tout comme nous recherchons la validation du plus grand nombre, nous nous sommes rendus très sensibles aux avis publiés sur le web.


Aujourd’hui, quel que soit le service consommé, on nous demande un jugement en retour : « Racontez-nous votre expérience », « souhaitez-vous féliciter votre livreur ? », autant de périphrases, voire même d’euphémismes, que l’on nous rabâche pour établir des taux de satisfactions, produire de la visibilité, être bien référencé…On en oublierait qu’il y a de vraies personnes impactées par ces notes virtuelles.

Oui, la course aux avis positifs met la pression aux professionnels, qui sont alors otages d’un chantage implicite.


Avec l’obligation d’une image lisse à renvoyer, de la satisfaction du client-roi en toutes circonstances, viennent les comportements faussés. Les relations perdent en substance comme en contenu, car à trop s’occuper de ne pas brusquer un client, on se bride, et on peut alors passer sous silence des notions qui lui auraient pourtant été utiles.


Ce qui nous aide n’est pas forcément toujours agréable : que penseriez-vous d’un médecin qui ne prendrait pas la peine de soigner votre maladie car le traitement a mauvais goût ?

Pour ma part les commentaires mitigés m’aident beaucoup à choisir un praticien, car je suis de ceux qui pensent que si tout est positif, quelque chose cloche. L’être humain est imparfait, et on ne peut donc pas correspondre à tout le monde.


Si par exemple je lis un avis mécontent pestant contre un médecin qui ne veut pas prescrire les médicaments demandés, cela m’aide beaucoup dans mon choix de médecin traitant, étant moi-même contre la prescription médicamenteuse à tout bout de champ.


Gardons à l’esprit que les avis publiés sont utiles pour nous fournir des indications, mais qu’ils sont donnés à travers le prisme de chacun.


Quand on sait le nombre de commentaires publiés par connivence (oui même ça, ça s’achète), il convient de prendre du recul face à ce qu’on lit.


Au-delà de cette pression virtuelle, nous connaissons une véritable oppression physique liée à nos espaces de vie.


II. La réorganisation de nos espaces



1. Au travail, les open space génèrent de la fatigue.



· Outre le bruit environnant nous poussant à un effort de concentration supplémentaire, le va et vient permanent attire notre attention.

Ainsi, en plus d’être dérangeable à tout moment -ce que ne permettait pas un bureau fermé- nous sommes forcément perturbés par l’agitation environnante.

Or pour chaque distraction, plusieurs minutes nous sont nécessaires pour nous reconcentrer.


Mais au-delà de ces désagréments « visibles », il existe un phénomène inconscient des plus énergivores :

· Sans nous en rendre compte de manière consciente, nous nous savons observables en permanence dans ces espaces ouverts.

Cela nous pousse à être en état d’hypervigilance constante, ce qui nous prend une partie de notre temps de concentration.

Loin de l’objectif collaboratif, les open space sont donc en réalité très fatigants pour notre système nerveux, nous rendant moins performants dans nos tâches.


2. Le rapetissement des espaces de vie dans certaines villes est une perte de sens.

Dans les grandes villes, il n’est pas rare de considérer son logement comme une chambre où l’on rentre juste pour dormir.

Le caractère pratique l’emporte sur le plaisir, et l’on choisit son habitation en fonction de sa distance avec son lieu de travail, de la proximité des transports.

Parfois, on y vit même à plusieurs, les uns sur les autres, sacrifiant le confort à l’emplacement, dans l’espoir d’un niveau de vie plus élevé.

Il y a là une logique pervertie, où l’on vit pour travailler plutôt que l’inverse, et où nos obligations financières nous interdisent ensuite de laisser un job épuisant, mais qui paye nos engagements.

Le confinement dû à la COVID 19 en 2020-2021 a mis en exergue les problèmes posés par cette vision du logement minimaliste en ville :

· Comme dans les open space, les personnes cohabitant H24 et 7j/7 ont expérimenté le phénomène de l’hypervigilance, mais cette fois vis-à-vis de leur propre famille, ce qui a pu devenir invivable pour certains.


· Le télétravail généralisé a provoqué une absence de déconnexion avec le monde du travail.

Avec l’absence de loisirs et le confort d’être chez soi sans temps de trajet, on a vu des salariés compenser en travaillant sur de plus grandes amplitudes horaires que dans leur entreprise, voire à n’importe quelle heure.

Certains employés se sont également surinvestis afin de prouver à des patrons sceptiques leur efficacité dans un contexte de télétravail.

Le rythme travail/repos a été totalement bouleversé.

De plus en plus dans les mœurs, le télétravail permet à la sphère professionnelle de pénétrer notre intimité, entraînant çà des aménagements ergonomiques, là des visio où notre intérieur est visible, et pendant lesquelles notre famille doit rester silencieuse en cas d’espace restreint.


Enfin, paradoxe absolu de la bien-pensance dans laquelle nous baignons : la bienveillance est clamée à torts et à cris, portée aux nues dans une totale abnégation de soi, alors qu’elle devrait avant tout justement commencer par soi-même.


III. Le sacrifice de son temps pour autrui


Se montrer sous son meilleur jour peut devenir épuisant, d’autant que souvent, nous nous efforçons inconsciemment de répondre à une norme qui ne nous correspond pas, créant ainsi un état de dissonance interne.

Obéir aux derniers codes à la mode pour être accepté, s’enorgueillir des #bienveillance et #résilience sans même se rendre compte de l’antiphrase qui se joue alors est quotidien.

Que ce soit dans la pose de limites, dans la faculté de dire stop, ou encore dans le simple fait de débrancher son téléphone, il n’est pas égoïste de se dédier ce temps que l’on a pris l’habitude d’accorder à outrance aux autres. Il s’agit simplement de la volonté d’un retour à l’équilibre.

En faire des tonnes pour être apprécié du plus grand nombre -souvent inconsciemment- peut vite nous amener à un amère regret, celui qui nous fait dire « j’ai encore été trop gentil ».

Mais comment peut-on être « trop gentil » ?

Il y a dans cette auto-accusation la volonté de chercher une justification à l’injuste, car on n’arrive pas à croire à la méchanceté. Par conséquent la victime de l’injustice est alors forcément fautive, c’est la seule explication.

Or je vous l’affirme : on n’est pas « trop gentil », car la gentillesse n’est pas une faiblesse !

En revanche il peut nous arriver d’être gentil avec les mauvaises personnes, ce qui constitue plutôt une erreur de jugement qu’un manque de caractère.

Voici quelques pistes pour y pallier :

· Apprendre à se connaître, à reconnaître les personnes énergivores, et agir en accord avec sa lumière intérieure, en suivant le précepte totltèque de la parole impeccable.


· Faire le tri dans les gens que l’on fréquente peut devenir très important, tout comme choisir son lieu de vie en fonction de ses besoins, et son job d’après ses valeurs.


· Se désintéresser de l’avis de ceux qui ne nous apportent pas, qui ne nous nourrissent pas, peut aussi devenir un gage d’équilibre.

Nous sommes tous responsables de nos vies, et nous ne pouvons pas sacrifier notre essence aux autres, pour ensuite le leur reprocher indirectement.

Ce qui est important, en somme, c’est de se protéger. Ce qui nous est préjudiciable doit sortir de nos vies. Et il nous faut accepter de ne pas aimer tout le monde comme nous ne pouvons pas être aimés par tous.



IV. Conclusion


Le huis-clos. Cette œuvre dans laquelle les personnages sont enfermés ensemble dans une seule pièce, sans pouvoir en sortir.


Soumis aux regards de tous, au jugement de chacun. L’enfer intersubjectif.


Que ce soit virtuellement ou physiquement, nous sommes en permanence visibles par les autres et rendus à leur disposition, de par les progrès technologiques et notre éducation.


Or l’intimité est nécessaire pour recharger nos batteries.


De nos jours, on constate beaucoup de changements de vie radicaux, de virages à 180° après en être arrivé à des extrêmes. Passer de trader à éleveur de chèvres dans le Larzac est presque devenu banal.


Et si nous réapprenions à couper au quotidien lorsque nous en avons besoin plutôt que de laisser la cocotte-minute exploser pour tout envoyer valdinguer ?


Servons-nous de ces outils merveilleux qui permettent la reconnexion au corps, aux sensations, à la nature : les thérapies manuelles, la zoothérapie, la silvothérapie.


Et n’oublions pas que nous sommes tous autrui pour les autres.

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