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Cycle Optimiser la relation praticien-receveur 4: rôles et interactions pour un partenariat efficace

Partie IV : Praticien et receveur naissent et demeurent égaux !


Telles les deux faces d’une même pièce, thérapeutes comme receveurs sont en fait complémentaires. Le partenariat praticien - demandeur doit avoir lieu dans une relation égalitaire où le donneur est au service du Soin en toute humilité.


Il s’agira ici d’aborder différentes notions : l’image commune et désuète du Thérapeute omnipotent qui doit être révisée, la rigueur que le praticien s’impose à lui-même pour se positionner en tant que soigneur, et la nouvelle manière d’appréhender le soin via les médecines alternatives.


1) Un contexte de vie culpabilisateur


De nombreuses personnes arrivent en cabinet avec un sentiment général de culpabilité qui leur a été insidieusement suggéré via différents biais :


a) Par la société qui nous martèle des préceptes de vie idéaux, et diffuse en continu l’image lisse de personnes parfaites. Ainsi il nous faut faire attention à ce que l’on mange, à ce que l’on boit, faire du sport, prendre soin de notre peau, faire de la méditation, être performants au travail, manger bio…


Et bien sûr, avoir un mode de vie sain se voit à l’extérieur puisque les modèles qui nous vantent tel ou tel mode de vie, ou ce produit plutôt qu’un autre, sont tous physiquement toujours au top des canons de beauté à la mode !


Cet environnement qui communique constamment sur le « bien-être », et qui surfe sur le sujet de la santé, jusqu’à en faire un nouveau produit de consommation, est toxique pour bien des gens.

Car personne n’échappe à la comparaison, même inconsciente.


Avec la nécessité « d’être bien », la charge mentale du public augmente qui s’impose des obligations et culpabilise s’il ne les suit pas.


Or personne n’est irréprochable, et quant à moi je coupe court à l’auto flagellation dès que l’un de mes receveurs prononce avec gêne une phrase du type : « oui mais c’est parce qu’hier j’ai bien mangé aussi, je n’aurais pas dû », « je ne fais pas assez de sport, alors c’est normal », etc.


Cette culpabilité face à un praticien dont ils ont peur d’avoir des reproches, est pour partie un vieil héritage de l’appréhension face à l’autorité du médecin savant, mais c’est également la parfaite expression du jugement constant dont ils ont l’impression de faire l’objet dans leur environnement.

Le thérapeute se doit alors d’adopter une position rassurante et de rétablir la vérité de ce qui est, pas de ce qui paraît.


Tout d’abord en rappelant que l’Être Humain est en soi imparfait, et que même avec la meilleure volonté du monde, il y a des fois où on lâche prise et où l’on fait des écarts.


Ne s’agirait-il pas d’ailleurs de fenêtres thérapeutiques salutaires dans un monde superficiel, nous permettant de profiter, tout simplement ?


Il nous faut accepter cet état de choses pour s’accepter soi-même et s’aimer malgré tout, car sans cet amour pour nous-même nous ne pouvons pas nous autoriser à aller bien.


Ensuite en expliquant que les personnes qui se mettent en avant sur les réseaux sociaux, se targuant de manger sain, d’être zen, et exposant leur corps parfait et leur vie idéale, n’existent pas ! Il ne s’agit à chaque fois que d’images retravaillées, de personnages virtuels derrière lesquels se trouvent de réelles personnes ayant, elles aussi, leurs problèmes…En somme comme tout un chacun !


Il est d’ailleurs aujourd’hui des instagrameurs qui abandonnent leur métier d’influenceurs, subissant trop de pression quant à l’image parfaite qu’ils doivent renvoyer au quotidien à des milliers de followers…

b) Par le corps médical qui a pu poser un diagnostic insinuant la responsabilité du patient dans son état. Combien de fois en effet les gens s’entendent-ils répéter que leurs problèmes viennent de leurs émotions, du stress, de leur surpoids, etc. ?


Or non seulement ces affirmations ne proposent pas de solution aux problèmes, mais encore, prononcés avec peu de tact, les mots créent eux-mêmes des maux, et cela ne fait qu’empirer l’angoisse des demandeurs qui vivent alors leur état comme une punition.


Se sentant bien seuls, ils se mettent une pression quotidienne en cherchant à tout maîtriser par peur de déclencher des symptômes ou d’aggraver leur situation.


C’est généralement après avoir écumé les spécialistes et été déçus par la médecine officielle qu’ils se tournent en dernier recours vers les médecines complémentaires.


Et parfois suite à des propos indélicats tenus par des personnes si peu empathiques, que l’on se demande ce qu’elles font à travailler dans la santé, à part peut-être pour satisfaire à leur besoin de domination. Malheureusement la violence médicale existe bien et elle fait des ravages…


Dans certains cas, en sus d’un désarroi palpable, un dégoût pour la médecine conventionnelle s’est donc installé. Il y a alors pour le praticien tout un travail de réconciliation à faire pour que les demandeurs ne la rejettent pas en bloc, se privant ainsi de ses bienfaits. Car il va sans dire que si les médecines douces sont des outils de prévention et qu’elles sont complémentaires à la médecine conventionnelle, elles ne la remplacent pas.


Alors même que ce cheminement aurait dû être pour le receveur l’occasion d’un éveil à une autre manière de se soigner, celui-ci, las de ses expériences passées, va désormais attendre LA solution à son problème. Le thérapeute en médecine alternative étant vu comme la « dernière chance », il connaît alors la pression d’une obligation de résultat. Or si ce praticien ne peut pas toujours guérir le mal, il a au moins le mérite de s’en occuper.


2) Une nouvelle manière de se soigner


En effet il est nécessaire pour le thérapeute de ne pas promettre de guérison et se positionner ainsi comme un sauveur. Le risque est de décevoir une personne qui, déjà fragilisée, pourra alors se sentir trahie, voire abusée, quand le seul objectif aura été de vouloir faire au mieux.


Le praticien se doit d’exercer son art avec humilité. Le Shiatsu image parfaitement ce positionnement : les deux participants sont au même niveau (au sol, au contact de la Terre mère nourricière), et le Shiatsushi est humblement à genoux près du receveur. Et comme pour montrer qu’il est au service du Soin, il lui arrive également d’être en position de chevalier servant.


Il faut prendre en compte que les médecines douces ne traitent pas une maladie mais l’Être Humain, et qu’elles constituent en soi un mode de vie à part entière permettant l’entretien de la bonne santé. En toute logique et comme le faisaient les anciens chinois, il nous faudrait en effet consulter les médecins pour éviter de tomber malade, et de leur faculté à nous maintenir en bonne santé dépendrait le versement de leurs honoraires.


Nos habitudes occidentales nous conduisant chez le médecin lorsque nous sommes déjà au plus mal, nous agissons de même avec les médecines alternatives.


Or la maladie est le résultat d’un déséquilibre qui n’a pas été traité, et pour soigner il faut apprendre à connaître la dimension-malade : son environnement, son caractère, le fonctionnement de son corps, et à en comprendre les signaux. Pour le porteur il s’agira de les écouter pour savoir réaliser des ajustements lorsque cela sera nécessaire.


Traiter un dysfonctionnement grâce à des clés thérapeutiques sera évidemment toujours possible pour le praticien, mais aller foncièrement bien dépendra du demandeur et prendra donc du temps, car il lui faudra apprivoiser son propre corps et faire adhérer son esprit à ce nouveau mode de vie. Au fur et à mesure, il pourra constater qu’il se remettra de ses affection de mieux en mieux et de plus en plus rapidement.


Il est donc primordial que le demandeur réalise que la médecine douce ne fonctionne pas sur le même schéma que la médecine conventionnelle, et qu’il n’attende pas de son praticien qu’il soit omnipotent et omniscient.


Il pourra être perturbant de se défaire de l’habitude de placer tout thérapeute sur un piédestal, et cela demandera un recalibrage des positionnements de chacun. En effet, le praticien sera-t-il toujours respecté -ergo écouté- par ses receveurs, dès lors que ces derniers le considéreront sur un pied d’égalité ?


3) Les praticiens de la nouvelle ère


a) Notion d’humilité

Aujourd’hui nombre de thérapeutes sont issus de reconversions professionnelles, ils sont donc d’autant plus légitimes qu’ils ont le mérite d’avoir fait l’expérience de la vie.


En effet, il s’agit souvent de personnes ayant connu des aléas (bunt out, AVC…) qui les ont conduits à tester pour eux-mêmes des techniques inédites, les menant ainsi sur le chemin des médecines alternatives. C’est leur propre expérience de la souffrance qui les a amenés à vouloir aider les autres, avec l’avantage de connaître les difficultés de la vie.


Les thérapeutes se trouvent donc impliqués personnellement dans leurs pratiques, et en ont compris l’importance à travers leur propre vécu. Pour autant, leur positionnement dans leurs soins doit être clair : s‘ils peuvent se servir de leur vécu comme outils thérapeutiques exacerbant leur sensibilité à la situation des receveurs, ils ne doivent pas s’épancher sur leurs propres déboires, au risque de déboucher sur une séance inversée.


Bien que ce soit au praticien de mener la consultation, le bénéficiaire aura ici toute légitimité à la recentrer.


Je me doute qu’une inquiétude peut alors vous tarauder : et si les propres conflits internes du thérapeute n’étaient pas résolus ?


b) Un thérapeute doit-il être parfait ?

En ce qui me concerne, je considère qu’en tant qu’Êtres Humains nous ne sommes pas parfaits et que nous sommes toujours en chemin pour progresser. Les thérapeutes plus que tout autre ont eu un travail sur eux-mêmes à accomplir ; c’est même parfois une condition sine qua non pour obtenir leur diplôme (de psychologue notamment).


Mais ce travail ne s’arrête en fait jamais puisqu’il est également réalisé au quotidien par l’abandon de soi dans le Soin : tourner le regard vers l’intérieur pour être en position d’accueil de ses ressentis, dans le don désintéressé, considérer que faire l’expérience de l’Autre par le Soin est un cadeau, que donner un Soin c’est être dans l’Amour et qu’il s’agit d’un partage, si bien que l’on ne sait plus qui guérit qui.


Pour pouvoir « prendre soin », il faudra donc avoir appris à se connaître et à s’aimer afin d’avoir les clés de ses propres déséquilibres. Avoir conscience de ses limites actuelles et les accepter permettra de poursuivre le travail sur soi sans en être pollué durant les séances. Ces dernières devront être données avec abnégation pour que le Soin profite à chacun.


Quant à vous, amis praticiens, n’êtes-vous pas vous-mêmes le partenaire-receveur de quelqu’un ?


c) Être praticien et receveur


Nous l’avons dit, dans notre condition perfectible d’Humains, nous sommes tous dans le même bateau et devons donc travailler à progresser. Ainsi, il est de bon ton que le thérapeute lui aussi reçoive des soins.

Effectivement, il est peu crédible le thérapeute qui conseille à ses bénéficiaires de recevoir des soins régulièrement en faisant fi de cette recommandation pour lui-même !


D’autre part on ne peut pas fonctionner en circuit fermé en se contentant de donner sans recevoir en retour : la qualité de ses soins n’en pâtira pas nécessairement (quoique), en revanche le risque sera de s’abîmer dans le don exclusif sans prendre la peine de « recharger ses batteries ».


Enfin, il est aussi essentiel d’expérimenter les pratiques d’autres thérapeutes pour s’ouvrir au monde, à ses possibilités, et se mettre à la place du receveur pour appréhender au mieux ses ressentis.

Tout le monde a des problèmes qu’il n’a pas résolu, pour autant cela n’impacte pas la qualité des soins dès lors que les praticiens adoptent une posture exemplaire.


d) Devoir d’exemplarité

Nous l’avons vu, être dans le don ouvre à l’expérience de l’Humain, ce qui est bénéfique aux thérapeutes dans leur propre évolution, spirituelle comme professionnelle. Néanmoins il est indispensable que les praticiens aient une exigence d’exemplarité envers eux-mêmes. Leur hygiène de vie sera au centre de leur attention, et il leur faudra s’astreindre à un sérieux dans leur pratique professionnelle : préparation des séances, suivi, etc.

Etre clair dans son positionnement passera également par l’état d’esprit requis : bienveillance envers soi-même comme envers les autres. Cela participera à ne pas se laisser affecter par ses propres problèmes au cours des soins.


Les praticiens ne se posent pas comme des modèles à suivre, mais ils participent à la guérison du partenaire-receveur en étant des exemples de morceaux de vie.


En effet, il est rassurant pour un demandeur d’être suivi par un thérapeute qui laisse transparaître sa condition imparfaite d’Être Humain. Savoir qu’à lui aussi il lui arrive d’être abattu, fatigué, de manger un fastfood, etc. encourage à ne pas abandonner le travail entamé. Le praticien doit donc faire bénéficier son expérience à sa mission de service, cela ne peut que rapprocher les deux parties et par conséquent optimiser leur partenariat de par la confiance qu’elles se voueront ainsi l’une à l’autre.


Se montrer comme modèle d’exemplarité sans faille creuserait en effet le fossé entre le donneur et son receveur, ce dernier vivant mal la comparaison qui accentuera son mal-être. Il en sera de même avec des propos moralisateurs qui n’auront pour effet que d’en braquer le destinataire.


Chers receveurs nous en revenons à l’importance de bien choisir votre praticien ! Si vous vous demandez si quelque chose qui vous perturbe est « normal » c’est que ça ne l’est pas !


Et dites-vous bien que le problème n’est pas de savoir si c’est « normal » mais si c’est acceptable pour vous, d’après vos propres limites. C’est au thérapeute de s’y adapter et non l’inverse. Si une séance vous a dérangé, ne reprenez pas rendez-vous tout de suite, mais laissez les choses décanter et faites le point à tête reposée.


Après avoir pris du recul, vous verrez qu’il sera très rapide de savoir si vous souhaitez ou non retourner voir la même personne.


4) Faut-il souffrir pour guérir ?

Certains diront qu’il faut en passer par des moments désagréables pour résoudre ses problèmes. Certes en Shiatsu par exemple, il y a des douleurs qui « font du bien », qui sont libératrices, et il est également des scenarii qu’il n’est pas agréable de revivre en psychanalyse, mais qui sont nécessaires à la progression dans la thérapie.


Néanmoins, cela est différent de mal vivre ses séances, et ce dès la première.


Brisons une idée reçue : il n’y a pas d’obligation à en passer par la souffrance pour mériter d’aller mieux, tout comme il ne faut pas « souffrir pour être belle » et qu’il n’est pas vrai qu’il faille « un mal pour un bien ».

En soin tout comme dans la vie en général, il n’y a pas de notion de récompense pour quiconque a souffert ; ce n’est ni plus ni moins qu’un héritage suranné de croyances judéo-chrétiennes.


Il s’agit plutôt pour les deux intervenants de s’apprivoiser mutuellement, d’autant plus lors de leur première séance, et pour le thérapeute d’ajuster le soin en fonction des besoins de son partenaire. Si quelque chose ne vous convient pas en tant que receveur, il est nécessaire de vous exprimer et d’échanger sur le sujet avec votre praticien.


A l’écoute, celui-ci donne un soin non pas en fonction de l’enseignement qu’il a reçu, du style de son école, mais bien de la sensibilité de la personne qu’il a en face de lui, voire sous sa main.


Quant à moi je demande toujours à mes partenaires-receveurs de s’exprimer, quitte à leur poser moi-même des questions s’ils n’osent pas, et ce afin de guider au mieux la séance. Leur demander de faire un retour a posteriori peut également être utile car beaucoup sont plus enclins à exprimer leurs ressentis à distance, tout du moins le temps que la confiance s’installe.

Cela permet de les faire participer à la construction de la stratégie d’un traitement sur mesure auquel ils ne peuvent alors qu’adhérer.


Ce n’est pas parce que l’on fait du thérapeutique que cela ne doit pas être agréable, ce n’est pas incompatible, bien au contraire !


On peut par exemple réserver la fin d’une séance à de la relaxation, effectuer un soin manuel sur un matelas chauffant, diffuser une musique agréable, un parfum d’ambiance…En bref mettre en place plein de petites attentions qui montrent au bénéficiaire que son bien-être compte.


L’efficacité du soin étant fonction pour grande partie du consentement du receveur à le recevoir pleinement, alors la nécessité d’être détendu et à l’aise durant la séance va de soi.


Si le caractère désagréable d’une séance vous conduit à avoir de l’appréhension pour suivre les suivantes, alors vous vous bloquerez et rejetterez les soins par la même occasion. Il n’y a donc aucun bénéfice à se forcer ! Sachez qu’il existe toujours des moyens différents pour traiter un problème, quitte à ce que cela prenne plusieurs séances au lieu d’une, afin que ce soit moins violent pour vous.


Par exemple, lorsqu’un point d’acupuncture est douloureux (et insoutenable pour le receveur), je cesse la pression et lui préfère un toucher fluidique sur plusieurs séances, en plus d’une combinaison d’autres points de substitution.


N’oubliez pas que le soin est un moment qui vous est dédié, alors n’hésitez pas à vous exprimer !


Si le traitement peut être un moment pénible à vivre, surtout en cas de trauma ancré, ce n’est pas une nécessité systématique à l’amélioration de la santé. La relation avec le thérapeute ne doit pas quant à elle faire l’objet de réticences, mais plutôt agir comme un soutien dans les moments difficiles.


Durant ces derniers, les échanges comme diverses stratégies de confort pourront soulager la peine et amèneront de la douceur dans la séance, et ce afin d’apporter détente et sérénité au receveur. Le tout sera de ne pas laisser partir le demandeur sur une note négative qui l’inciterait à ne pas poursuivre ses soins.


Nous l’avons vu, le partenariat praticien-receveur engage les deux parties, et sa qualité est fonction du bon entretien de la relation d’échanges qui doit être saine tout au long du suivi. Par conséquent, choisir avec qui travailler sera essentiel, et ce pour le bénéficiaire comme pour le thérapeute.


Vous l’aurez noté, j’ai utilisé dans ce cycle d’articles différents termes pour désigner les personnes destinataires des soins : demandeurs, bénéficiaires, receveurs, partenaires, partenaires-receveurs… Quant à vous, quel terme vous a le plus parlé ?

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